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La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a annoncé ce vendredi qu'elle rejette le plan de Québec en matière d'immigration et dénonce par la même occasion « la vision utilitariste du gouvernement ».

En balayant d'un revers de main les recommandations des acteurs terrains, parmi les mieux placés pour éclairer les orientations en matière d'immigration, relève la TCRI dans un communiqué de presse, « le gouvernement tourne le dos aux réalités vécues par les personnes concernées tout en aggravant la précarité et l'incertitude que les personnes à statut précaire subissent et continueront de subir pour les années à venir ».

En effet, le plan du gouvernement à la suite des consultation, prévoit une cible de 45.000 personnes admises de façon permanente, toute catégorie confondue.

La TCRI croit qu'en faisant ce choix, « Québec laisse en bord de route celles et ceux qui, tous les jours, contribuent à faire prospérer la province. Il rompt d'abord ses promesses de voie d'accès à la résidence permanente en abolissant sans préavis le Programme de l'expérience Québécoise (PEQ), qui a longtemps été un levier d'attraction de nouveaux talents profitables au Québec ».

Il s'agit, dénonce la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes d'une imprévisibilité qui ajoute une pression constante sur les personnes concernées, qui doivent composer avec des règles qui changent sans cesse.

« En consacrant 63% de sa cible à l'immigration économique, le gouvernement met en évidence l'intérêt purement économique qui l'anime, au détriment des droits et des besoins des personnes immigrantes et en quête de refuge. » soutient la Table de Concertation expliquant que ce choix entraîne des conséquences démesurées pour les personnes concernées par les catégories humanitaire et familiale : alors qu'il existe déjà des arriérés importants dans celles-ci, la direction prise par le gouvernement engendrera des délais d'attente inacceptables (4 ans d'attente pour le regroupement familial; 10 ans pour les personnes protégées; 28 ans d'attente pour les autres catégories humanitaires).

Ces délais, poursuit-t-elle, s'accompagnent de souffrances réelles liées à la séparation familiale, d'obstacles majeurs à l'intégration et de difficultés d'accès aux services pour les personnes prises dans cet étau.

Enfin, les organismes de la TCRI se disent préoccupés par l’abandon presque total du gouvernement du Québec face à ses obligations humanitaires à l’international, malgré une longue tradition d’accueil qui fait la fierté du peuple québécois. En effet, les personnes réfugiées sélectionnées à l’étranger et réinstallées au Québec ne représenteront plus que 1,7 % des admissions permanentes. L'accueil des personnes réfugiées réinstallées baissera de 70% les 4 prochaines années.

« La TCRI appelle le gouvernement à accepter l’offre du gouvernement fédéral de collaborer à la mesure spéciale pour octroyer la résidence permanente aux près de 55 000 personnes réfugiées acceptées titulaires d’un Certification de sélection du Québec (CSQ), une mesure qui permettrait de faciliter leur intégration à la société québécoise. Elle rappelle également qu'en misant sur l'exclusion et la précarité, le gouvernement porte atteinte au progrès de toute la société québécoise. »