Josée Hébert, directrice et responsable de la protection des renseignements personnels au Rocasm. Crédit photo : Josée Hébert


Le Regroupement des organismes communautaires et alternatifs en santé mentale du Bas-du-Fleuve (ROCASM-BF) travaille en étroite synergie avec ses membres pour développer et réaliser des projets novateurs dans la région du Bas-Saint-Laurent. Ces initiatives ont pour objectif de générer des retombées positives auprès des personnes vivant, ayant vécu ou susceptibles de vivre une problématique en santé mentale. Parmi les enjeux actuels, la question du rapport entre l’intelligence artificielle (IA) et la santé mentale suscite une attention particulière.

Pour Josée Hébert, directrice et responsable de la protection des renseignements personnels au Rocasm, à Mont-Joli, l’intelligence artificielle s’impose dans divers secteurs, et la santé mentale n’y échappe pas. Prometteuse pour améliorer la prévention, le suivi et l’accompagnement, elle soulève toutefois des défis et des limites qu’il faut examiner avec lucidité.

« La dépendance aux outils numériques représente un danger bien réel : certaines personnes tendent à s’appuyer trop fortement sur des applications ou des agents conversationnels, ces logiciels capables de dialoguer automatiquement avec les utilisateurs, par écrit ou à l’oral. Mais ce soutien virtuel peut finir par reléguer au second plan la valeur du contact humain et l’expertise des professionnels. »

Un risque majeur réside dans les biais algorithmiques : lorsque les systèmes sont formés à partir de données restreintes ou peu représentatives, ils peuvent interpréter de manière erronée certains comportements ou perpétuer des stéréotypes, ce qui pourrait fausser les diagnostics et accentuer les inégalités. L’IA peut également donner une illusion de précision et de neutralité, alors qu’elle reste faillible et incapable de saisir toute la complexité des expériences humaines.

Josée Hébert, directrice du ROCASM-BF, souligne que l’intelligence artificielle (IA) peut représenter à la fois une opportunité et un défi pour le domaine de la santé mentale.
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Enfin, un risque demeure celui de la déshumanisation des soins : en misant excessivement sur l’automatisation, les institutions pourraient amener les patients à se percevoir comme de simples données, privés de l’écoute empathique qui constitue l’essence de la relation thérapeutique.

« L’intelligence artificielle peut offrir un soutien précieux en santé mentale, elle peut aussi affaiblir le lien humain, pourtant essentiel dans l’accompagnement thérapeutique. C’est pourquoi il devient crucial de penser à des pratiques équilibrées, où la technologie vient compléter, et non remplacer, l’écoute, l’expertise et la présence humaine. »

Le regroupement des organismes communautaires et alternatifs en santé mentale du Bas-du-Fleuve (ROCASM-BF) rassemble huit ressources alternatives en santé mentale : Santé mentale Québec – Bas-Saint-Laurent, Rayon de Partage en santé mentale, La Maison des Tournesols, Source d’Espoir Témis, Le Périscope des Basques, La Traversée, La Bouffée d’Air du KRTB et Le Marigot de Matane.