La plus récente proposition de carte électorale provinciale (Photo : Élections Québec).


La Commission de la représentation électorale (CRE) a dévoilé, le mardi 3 décembre, un rapport qui propose de redessiner la carte électorale avant les élections de 2026.

La veille, la Cour d’appel avait donné son aval, déclarant la loi de 2024, adoptée à l’unanimité pour suspendre la révision, « inconstitutionnelle » et « inopérante ». Dans son second rapport, la Commission de la représentation électorale (CRE) réitère sa volonté de retrancher deux circonscriptions, en Gaspésie et à Montréal, afin d’en créer deux nouvelles dans les Laurentides-Lanaudière et le Centre-du-Québec. La carte proposée fusionnerait les comtés de Gaspé et Bonaventure, tandis que Matane-Matapédia s’étendrait désormais sur 51 municipalités.

Par ailleurs, l’ouest de la MRC de La Mitis, incluant Sainte-Luce, Saint-Donat, Saint-Gabriel-de-Rimouski et Saint-Charles-Garnier, serait rattaché à la circonscription de Rimouski. La CRE reprend par ailleurs les cinq changements de noms adoptés en 2024 par les élus. Elle rappelle cependant que c’est à elle, et non pas aux politiciens, d’attribuer ces noms dans le cadre d’un processus indépendant.

Conformément à la Loi électorale, les députés de l’Assemblée nationale disposent d’un délai de cinq jours suivant le dépôt de la proposition révisée pour en débattre. À l’issue de ce débat, la CRE dispose ensuite de dix jours pour arrêter la nouvelle carte électorale du Québec, laquelle servira de référence lors des deux prochaines élections générales provinciales.

Le préfet de La Mitis, Bruno Paradis, fait part de son inquiétude.

« Je crains un « double standard » au sein de la MRC de La Mitis, et que cette division nuise à la cohésion et à la défense des intérêts communs. »

Le premier rapport de la CRE avait provoqué une vive controverse au parlement. Des députés de toutes formations politiques avaient notamment relevé que la Gaspésie voyait s’effriter son influence politique. Face à ces inquiétudes, les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale avaient convenu de suspendre la révision de la carte électorale en adoptant la loi 59, le temps d’examiner des solutions. Le Conseil des préfets et des élus des Laurentides (CPERL) avait ensuite contesté cette loi devant les tribunaux. Lundi, la Cour d’appel lui a donné gain de cause.

Cette décision relance le débat sur l’équité de la représentation régionale et met en lumière les tensions persistantes entre les impératifs de la carte électorale et la réalité des territoires. Plusieurs acteurs locaux craignent que les régions périphériques, déjà fragilisées sur le plan démographique, voient leur voix politique s’amenuiser davantage si aucune solution durable n’est trouvée.

Selon la Loi électorale, la carte doit être revue après deux élections générales, pour tenir compte des déplacements de population qui créent des écarts de représentation. L’objectif est de répartir le Québec en 125 circonscriptions d’environ 51 000 électeurs présentant des profils comparables.